"Ce qui barre la route fait faire du chemin" (Jean de La Bruyère - 'Les Caractères')

vendredi 29 février 2008

One night in Paris...


Résumé rapide d'un soirée parisienne.



Objectif : rendez-vous avec un vieil ami à Montparnasse. C'est comme une aventure, moi qui ne vais presque jamais rive gauche.



Je prends le métro. Scène inédite : un clodo monte à Châtelet. Il entonne "La Bohême" de Charles Aznavour. Moi, ça m'énerve d'ordinaire, les mendiants qui chantent.

Mais, là, il se passe un truc incroyable. Le type chante juste, il connaît les paroles par cœur sans oublier le moindre mot. Le miracle se produit. Les passagers du wagon reprennent avec lui, à l'unisson, le refrain. Même moi, je me prends au jeu. C'est un joli moment de communion.



Je vois ensuite mon ami à Montparnasse, dans un café célèbre. Longue discussion nécessaire pour une retrouvaille (environ 20 ans). Trop de vin blanc, probablement.



Ensuite, je rentre chez moi.



Je chope un taxi sur le Boulevard Montparnasse. Un conducteur ultra-sympa m'accueille. Un jeune type, franco-marocain, la trentaine. Comme je le fais souvent, j'engage la conversation sur le métier de taxi. Pas l'ombre d'une plainte.



Alors, on parle du Maroc que je connais assez bien. Il s'appelle Youssef. Il est heureux d'être né en France. Il est Français, Youssef. Il est intelligent, ouvert, il est bardé de diplômes, d'après ce qu'il me raconte. Il est cool, Youssef.



Aussitôt, j'oublie la mauvaise blague que j'ai lue aujourd'hui, dans un bouquin de citations de Pierre Desproges.



La (très mauvaise) blague est la suivante : "A Paris, il y deux sortes de chauffeurs de taxi : les racistes et les bougnoules."



Ce soir, j'ai été tellement heureux de ne pas tomber sur un chauffeur raciste. Je suis tombé sur Youssef. C'est un énorme progrès.

mardi 26 février 2008

Sarko, tendance cuir ouvragé.


Il est incorrigible, le Président bling-bling !


Nicolas Sarkozy a visité aujourd'hui l'usine du célèbre malletier Louis Vuitton, à Saint-Pourçain-sur-Sioule, dans l'Allier.

Le Président était accompagné de la ministre de l' Economie, la très "cuir" Christine Lagarde.


Nicolas Sarkozy s'est montré, c'est la moindre des choses, très attentif aux méthodes artisanales encore utilisées dans cette manufacture qui incarne toujours la tradition artisanale française.


A la fin de sa visite, Nicolas Sarkozy a posé à côté d'un modèle de maroquinerie monogrammé. Le président s'est vu offrir un sac. Un vrai et joli sac, pas un sac des nœuds, car il en a à revendre.


Nicolas Sarkozy a alors déclaré sans rire : "Ça fera plaisir à Carla qui aurait bien aimé venir". Le président a ajouté : " Elle m' a dit : il faut me ramener quelque chose..."


C'est donc ça ? Il faudra à chaque fois lui "ramener" quelque chose ? C'est élégant, ce côté "ramener", vous ne trouvez pas ? Prise de guerre, petits cadeaux entre amis ? Il faudra qu'on m'explique !


Après Mikhaïl Gorbatchev, chef de l'Etat soviétique de 1985 à 1991, Nicolas Sarkozy sera-t-il le prochain ambassadeur de la marque Vuitton ?



Gorby, c'était limite (mais il a des excuses : c'est un retraité). Sarko, ce serait franchement "too much".



"Too much". Croyez-vous que c'est une limite que Sarko ne franchira pas ?



Never too much. Je crains qu'il ne s'agisse de la réponse de Nicolas Sarkozy.

lundi 25 février 2008

Le conservatoire de la France morte.


Or donc, Marion Cotillard a décroché la nuit dernière à Hollywood la statuette de meilleure actrice pour son incarnation lourdement cabotine d'Edith Piaf dans "La Môme", film d'Olivier Dahan.



Cocorico, apoplexie tricolore.



Cette affaire a occupé la moitié du journal télévisé de TF1 (18 minutes en ouverture).



Ce que TF1 décide est forcément justifié, sinon où seraient nos repères ?



C'est ça la France qui gagne : Piaf, l'accordéon, le Paris des poulbots. En bref : Amélie Poulain puissance mille. On n'en sort pas.



"La nostalgie n'est plus ce qu'elle était", avançait jadis Simone Signoret dans le titre de l'un de ses livres.



Hélas, la nostalgie est toujours ce qu'elle était, ma vieille Simone. Aujourd'hui, on évoque à satiété votre souvenir, vous qui aviez ravi précédemment en 1960 un Oscar à Hollywood.



Simone, Marion : c'est le même populisme sans danger. C'est la France musée que l'on célèbre dans le monde entier.



Je parle du monde qui bouge, qui invente, qui se développe. Le monde qui prend des risques, sans CGT, sans ce Sarkozy désarticulé, sans nos corporatismes étroits.



Aviez-vous remarqué que Paris et la France devenaient imperceptiblement un parc touristique géant, oublié de la croissance, sans industrie novatrice, sans espoir ?



La France se transforme peu à peu en un Disneyland de la franchouillardise.



Il est vrai que nous avons tant à offrir : nos vieilles pierres, nos châteaux, nos esplanades, nos perspectives royales, nos bistros typiques, nos recettes régionales, nos crus bourgeois.



Et aussi la paille dans nos sabots et l'odeur fétide de la rancœur qui émane de notre gloire anéantie.



Oui, nous aurons toujours Piaf, Montmartre, le Moulin Rouge et le Mont Saint-Michel.



Nous organiserons poliment les visites de notre vieux patrimoine.



Pendant ce temps-là, le monde autour de nous progressera. Il progresse déjà sans nous, sans rien nous demander.



Mais Piaf sera toujours à nous. Rien qu'à nous. C'est un acquis. C'est déjà ça ! Merci, Marion de nous l'avoir restituée, la petite Edith souffreteuse, comme neuve ou presque.



Cet Oscar, concédé avec gentillesse par l'Amérique bienveillante, doit être pris comme une bonne nouvelle.



Il faut l'accepter, avec gratitude. C'est la confirmation de notre vocation, désormais officielle : notre vocation de conservatoire éternel de la France morte.

dimanche 24 février 2008

Sarko marche dans une nouvelle bouse.


Si ma mémoire est bonne, il me semble que le Président Sarkozy nous avait, dans ses vœux de nouvelle année, promis une "politique de civilisation".



N'est-ce point ce même Sarkozy qui, pendant la campagne électorale du printemps dernier, avait fustigé Mai 68, responsable à ses yeux d'une dangereuse dégénérescence ?



Je crois aussi que c'est ce Sarkozy qui propose de réintroduire les cours de morale à l'école, sur fond de "Marseillaise". Oui, je crois bien que c'est ce Sarkozy-là qui visitait hier matin le Salon de l'Agriculture.



Une vidéo qui circule désormais sur Internet ("dailymotion", par exemple) nous fait découvrir une autre facette du Président de la "politique de civilisation" et des leçons de morale aux bambins.



Cette vidéo montre le chef de l'Etat prenant un bain de foule et serrant des mains. Un grand classique du Salon de l'Agriculture que Jacques Chirac savourait pendant de longues heures lorsqu'il était à la tête de l'Etat. Hier matin, Sarkozy est resté Porte de Versailles moins de deux heures, discours compris. Toujours pressé, le petit Nicolas.



Hier matin, le bain de foule sarkosiste a tourné au vinaigre, sous l'œil d'une caméra et d'un micro.



Voici la scène :





Un visiteur du Salon voit s'approcher de lui le président.



Le visiteur lance à l'intention de Sarkozy : "Ah non, touche-moi pas".



Le président, visiblement vexé, rétorque : "Casse-toi, alors !"



Le visiteur ajoute : "Tu me salis".



Nouvelle réplique de Sarkozy : "Casse-toi alors, pauvre con !"



Et Sarkozy s'éloigne avec ses gardes du corps.






Sympa, non ? Très digne aussi. En un mot : très "présidentiel".

samedi 23 février 2008

Douste, jamais blasé.


Je pourrais, si j'en avais le courage, écrire un livre épais sur Philippe Douste-Blazy (PDB).



Je me contente ici de quelques lignes. La France a un grand besoin de cardiologues. Et le bon docteur Douste-Blazy est justement diplômé dans cette spécialité. Que n'est-il resté au service des cardiaques ?



Non, il a fallu que l'ambitieux Philippe se propulse dans la sphère politique. Il est maire de Lourdes, sa ville natale puis il arrive à Toulouse, premier magistrat de la ville rose. C'est une couleur qu'il n'a jamais assumée. Et pourtant, il y aurait tant à dire dans ce domaine. Un coup de poignard dans le dos, ça marque, non ? (les initiés me comprendront)



Je vous renvoie aussi à la pantalonnade de Marrakech, lorsque que PDB était cet invraisemblable ministre des affaires étrangères de notre bonne République.



Même Chirac, alors Président et tolérant sur les plaisirs clandestins, avait vertement admonesté son vassal maladroitement lubrique.



Le petit personnel de "La Mamounia", hôtel luxueux de la ville marocaine, ricane encore du sketch grotesque que je n'aurai pas la cruauté de narrer ici.



Douste-Blazy, c'est un poème qui ne rime à rien.



Ministre gaussé et chassé, conseiller languissant de Sarko relégué dans un cagibi jouxtant l'Elysée, le revoici, notre PDB : triomphant, intact et exubérant.



Le cardiologue est au cœur du monde. Il est nommé secrétaire général adjoint des Nations Unies à New York. Les émoluments, le logement de fonction, la voiture avec chauffeur, tout ça net d'impôts. Magnifique !



Il y en a vraiment qui ont une veine de cocu. Il y en a qui rebondissent toujours. Bonne chance, PDB ! Votre parcours donne de l'espoir à tous les médiocres.

vendredi 22 février 2008

Nouvelles de la semaine

Rafle de voyous dans le Val d'Oise. Un millier de flics à l'aube lundi pour traquer ceux qui avaient tiré sur la police en novembre et qui avaient cassé la gueule à un commissaire à Villiers-le-bel. Mais oui, bien sûr. Sans hésiter, il faut les embastiller, ces personnages nuisibles qui pourrissent le climat des banlieues. Où est le problème ? C'est la manifestation légitime d'un Etat de droit, tout simplement.



"L'appel à une vigilance républicaine", nouvelle invention grotesque de ce petit brûlot péniblement hebdomadaire qui ose se faire appeler "Marianne". On croit rêver. Il s'agit d' un manifeste rabougri contresigné par une escouade de frustrés. C'est une pétition anti-sarko, évidemment. Parmi les griefs : "l'attachement à l'indépendance de la presse et au pluralisme de l'information". On ne les a pas beaucoup entendu, jadis, les signataires de ce pamphlet pathétique quand De Gaulle, Pompidou, Giscard et Mitterrand muselaient le pluralisme et bafouaient sans vergogne la liberté d'expression. J'ai des exemples précis en tête si ça vous intéresse. Sarko, dictateur ? Hélas, non. Moi, je le trouve souvent trop mou.



Toujours du côté de Sarko, l'histoire des sectes. La directrice de cabinet du Président, Emmanuelle Mignon, déclare à VSD (avant de se rétracter partiellement) : "Les sectes en France, c'est un non-problème". Elle a raison Mademoiselle Mignon : les sectes, où est le problème, franchement ?



Le fiston Jean. C'est le bellâtre de 21 ans à la tignasse blonde. Jean Sarkozy parle comme papa, il est beaucoup plus élancé que papa (plus grand, je veux dire). Moi, il m'épate Jean. Il a coulé la candidature de Martinon à Neuilly. Bonne idée ! Moi, Jean Sarkozy, j'en redemande. C'est comme pour la "Nouvelle Star". J'espère qu'il ira à Baltard. Les initiés (de "La Nouvelle Star") comprendront.



Mémoire de la Shoah. Dernière réflexion pour l'heure sur Sarko: je reviens sur son idée saugrenue d'imposer à chaque gosse de CM2 (dans le primaire) de se coltiner la mémoire d'un enfant juif mort en déportation. Idée bizarre et morbide. Il y aurait tellement d'autres manières d'aborder l'holocauste. En se tournant vers l'avenir, par exemple. Les Juifs n'étaient pas vraiment demandeurs de ce nouveau "devoir de mémoire". Il y a, selon moi, d'autres urgences pour l'enseignement primaire en France.



SDF, au secours ! Au cours de cette semaine, il y a eu aussi la nouvelle mauvaise farce de ceux qui prétendent soutenir les "mal-logés". Ils s'étaient agglutinés, dans une toute petite grappe, la nuit dernière, sous mes fenêtres de la Place de la République à Paris. Je suis allé les voir de près vers 23 heures. Première constatation : cette appel citoyen s'est soldé par un bide monumental. L'assistance était minuscule, moins de 2000 personnes, au moment de la plus forte affluence. J'ai donc observé ce groupuscule très prévisible, scandant des slogans éculés, aidé par un alcool omniprésent et des drogues plus ou moins douces. Si c'est ça le collectif de soutien aux SDF, je suis vraiment content d'être logé. La kermesse médiocre s'est disloquée en vrac au cours de la nuit. A l'aube, ne subsistaient que quelques pauvres bougres qui avaient cru, une fois encore, à la solidarité de cette marmaille gauchiste et évaporée.



Fier d'être Ch'ti. C'est marrant et joyeux, le phénomène jubilatoire qui se développe autour du film de Dany Boon : "Bienvenue chez les Ch'tis". Ce n'est pourtant pas un chef d'œuvre. Ce n'est pas "Citizen Kane". Mais se dégage de ce film populaire une joie de vivre communicative qui fédère une région (le Nord au sens large) injustement stigmatisée. Quand la France (ou un bout de France) affirme son bonheur, il ne faut pas passer à côté.

dimanche 10 février 2008

La chute du petit marquis

Il se passe toujours quelque chose dans l'univers impitoyable du bling-bling.

C'est Dallas en boucle.

Dernière péripétie : le petit marquis est au tapis.

David Martinon (rebaptisé "Martinon, non, non !" à Neuilly) a été lâché en rase campagne par le sarkozisme en déroute.

Martinon, naguère favori de Cécilia, n'est plus en cours au palais élyséen depuis que l'Italienne gratte sa guitare dans l'alcôve suprême.

Martinon avait pour mission (très parachutée) de saisir la mairie de Neuilly, le fief historique du petit homme à talonnettes.

La mauvaise mayonnaise Martinon a tourné au vinaigre.

C'est Jean Sarkozy, l'un des blondinets issu de la cuisse de Jupiter, qui s'est chargé de donner l'estocade. Jean (qui avait pourtant soutenu Martinon depuis plusieurs semaines dans la campagne municipale de Neuilly) a congédié David en quelques mots.

Martinon est lâchement largué.

Le patron, Sarkozy père (fils de Jean), s'envole ce soir pour la Guyane. Martinon, toujours officiellement porte-parole de la présidence, n'est pas du voyage. Il reste sur le tarmac.

David Martinon va passer une mauvaise nuit.

C'est loin la Guyane !

vendredi 8 février 2008

SM, SMS...


Le temps m'a manqué ces derniers temps pour commenter les récentes élucubrations de l'homme à talonnettes qui nous gouverne.

Je résume, même si cela n'a pas pu vous échapper : Nicolas a fini par épouser, en troisième noce, l'ex-top model qui chante en grattant une guitare sèche. Sarko, désormais rembruni, s'est lancé bien vite dans une action en justice contre le site Internet de "Nouvel Observateur", coupable à ses yeux d'avoir divulgué un sulfureux SMS ("texto" en français).

Ce SMS, dont l'authenticité reste à prouver, aurait été envoyé par Nicolas à Cécilia, huit jours avant le mariage avec Carla. La substance du message est la suivante : Cécilia, si tu reviens, je largue l'Italienne. Rien ne prouve que le message existe mais il serait bien dans le style bling-bling-bang-bang auquel nous sommes désormais habitués.

Du haut de ses talonnettes, apprenant que le "Nouvel Obs" publiait cette supposée indiscrétion, l'ex-Maire de Neuilly a frisé l'apoplexie. Il a convoqué son avocat qui a sorti le grand jeu : "faux, usage de faux et recel". Mazette !

En supposant que la proposition ait vraiment été formulée de la sorte par Sarko à Cécilia, j'aurais tellement aimé que Cécilia se repointe gentiment à l'Elysée, juste avant le mariage.

"Chéri, je reviens, tout est oublié", aurait-elle sussuré. Sarko, liquéfié par cet inattendu retour de flamme, aurait chassé l'intrigante italienne et sa guitare sèche. Cécilia aurait alors fait mine, pendant quelques jours, de se réinstaller à l'Elysée.

On aurait alors vu roucouler Nicolas. Mais, la cruelle Cécilia, allant jusqu'à bout de sa machination, se serait rapidement enfuie, sans mot dire.

Nicolas, seul en son palais, se serait lamenté et aurait longuement médité sur la cruauté des femmes, avec ou sans guitare.

mercredi 6 février 2008

Regrets éternels


Certains prennent encore la peine de prendre la plume pour vous écrire quelques lignes personnelles sur un papier glissé dans une enveloppe timbrée.

Ils sont rares, les amis délicats.

Car la tendance, au mieux, c'est l'e-mail.

Et le plus courant encore, ce sont les condoléances par SMS, par 'texto' si vous préférez.

Quelques mots un peu secs, souvent en abrégé.

C'est rapide et efficace. Comme le passage de la vie au trépas.

dimanche 3 février 2008

Eschatologie

Regretter de n'avoir pas dit à temps ce qu'il fallait dire à celui qui va mourir et qui, au bout du compte, est mort. Le mystère du trépas, ses secrets, sa pudeur. "Un vie ne vaut rien mais rien ne vaut une vie", écrivait Malraux. Je lis Aristote en écoutant du Bach (et aussi Mika, en douce). Pendant cette expérience quasiment eschatologique, je suis dans le train aujourd'hui, en remontant du Midi et, face à moi, s'installe un jeune militaire aux grands yeux bleus. Aimable et discret. Les jeunes militaires trimbalent toujours des sacs énormes. On aimerait en connaître le contenu. Quelques rangées plus loin, dans la même voiture, ce n'est pas une blague, j'aperçois Charles Aznavour qui a embarqué dans ce TGV en gare d'Avignon. "J'me voyais déjà en haut de l'affiche !"