"Ce qui barre la route fait faire du chemin" (Jean de La Bruyère - 'Les Caractères')

mercredi 19 mars 2008

Une merde dans un bas de soie


En voici un qui a goûté à plusieurs râteliers (au moins deux) et qui ne s'en sort plutôt pas mal.



J'ai nommé Georges-Marc Benamou (GMB), successivement valet de Mitterrand et laquais de Sarkozy.



Ce Benamou a d'abord prospéré à gauche sous la houlette de Pierre Bergé (mécène du souverain de l'époque) qui a ouvert à GMB les portes du magazine "Globe", organe officiel de la branchitude socialo des années 80.



Petite traversée du désert ensuite, juste le temps d'écrire un petit bouquin abject où GMB traîne dans la boue et les ortolans celui qui l'avait sorti de l'ombre, c'est-à-dire Mitterrand. L'ingratitude est le péché des médiocres.



Le nouveau siècle (le 21ème) arrive et notre Benamou, avec armes et bagages et sans vergogne, franchit le Rubicon pour suivre le panache blanc de Nicolas Sarkozy. L'intrigant retrouve donc l'Elysée où il s'était tant prosterné du temps de "Tonton".



Notre homme n'a rien perdu de sa gestuelle courbée et s'incline désormais devant la magnificence de Sarkozy qui lui donne un bureau et quelques pouvoirs mal définis sur l'audio-visuel. Il en use et en abuse. Il pourrit la vie de la ministre de la Culture, la pourtant si inoffensive Christine Albanel.



Il fait trembler aussi les patrons des chaînes de télé publiques. En général, ces gens-là tremblent. Mais, sous l'œil inquisiteur de GMB, c'est un tsunami quotidien. Benamou est un dur, c'est ce qu'il veut prouver sans cesse.



Les mois passent. A peine dix mois. Le sarkozisme serait-il un court métrage ?



Benamou ramollit. Son étoile pâlit.



Il faut dire qu'en janvier, quand Sarko annonce la fin de la pub sur les télés publiques, GMB n'est absolument pas au courant. C'est pourtant son domaine. Il fait bonne figure. Il approuve aussitôt l'idée géniale du patron.



Peu à peu, l'imposture Benamou commence à devenir évidente. GMB est finalement chassé de son bureau élyséen. Le mièvre Christine Albanel que GMB avait tellement clouée au pilori conserve son ministère. Benamou fait ses cartons. C'est ça, la vie de courtisan : il y a des hauts et des bas.



Pour Benamou, ce sera un bas de soie. "Une merde dans un bas de soie", avait dit Napoléon à propos de Talleyrand. Rassurez-vous, chers lecteurs : Benamou n'est pas à la rue.



Il quitte l'Elysée pour s'installer bientôt à la Villa Médicis de Rome. Benamou hérite de la plus belle sinécure de la République : un palais à Rome et rien de spécial à faire. La bonne planque.



Rappel au passage de quelques épisodes récents de la carrière de GMB.



En juin de l'année dernière, GMB est prié par le barman de l'hôtel Raphaël, à Paris, de quitter une table "réservée". En guise de réplique, GMB envoie un ramequin de cacahuètes à la tête de l'employé de l'hôtel. Le barman sera mis à pied cinq jours.



Un peu plus tard, à Aix-en-Provence, GMB se contente, en quittant son hôtel, de régler les "extras", laissant la note de sa chambre à la mairie d’Aix. Celle-ci, sollicitée par l'hôtel, refuse de payer soulignant qu'elle avait bien invité le Président Sarkozy -qui n'est pas venu- mais pas son conseiller mandaté pour le remplacer.



Quelques semaines après, au cours de l'été, GMB photocopie à l'intention de Nicolas Sarkozy la fiche Wikipédia d'Ingmar Bergman pour lui rappeler la biographie du cinéaste qui venait de disparaître. Une photocopie fournie en temps voulu, ça n'a pas de prix. GMB le sait comme personne depuis l'époque de Mitterrand. Mais une photocopie ne suffit pas à effacer le reste.



Un peu malotru, un peu sagouin, un poil inculte. Notre GMB, chassé du Palais, s'installera à l'Académie de France de Rome, sise en la Villa Médicis. On a connu pire, comme punition.



La Villa Médicis, c'est chauffé en hiver et climatisé en été. On est logé et nourri. C'est bien situé dans la capitale italienne. Il y a du personnel de maison et une voiture de fonction.



Georges-Marc Benamou a écrit un jour (dans le magazine "Globe" qu'il dirigeait): "Tout ce qui est biniou, bourrée, béret basque, terroir, en un mot franchouillard, m’est franchement insupportable."



Ni biniou, ni béret basque à Rome. Vous êtes verni, GMB ! Une veine de cocu, vous dis-je.



Ne surnommait-on pas Talleyrand le "diable boiteux" ? Benamou est finalement un diablotin pour qui tout s'emboîte.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

En plus d'être nourri et logé dans cette belle villa que le monde entier nous envie, sera-t'il également rémunéré ??

Anonyme a dit…

Comme quoi, il a bien vendu son silence.
Votre texte est super, une synthèse parfaite.