"Ce qui barre la route fait faire du chemin" (Jean de La Bruyère - 'Les Caractères')

lundi 7 avril 2008

J'ai vu la flamme !


Jouez hautbois, résonnez musette ! Je viens d'être happé par le grand vent de l'Histoire. J'ai été confronté au grand souffle Olympique !

Cela s'est passé à 15 h 28, au rond point des Champs-Elysées où je passais par hasard. C'était pile poil sur le parcours de la flamme des Jeux de Pékin. Ah, bonnes gens, c'était grand et glorieux !

Pierre de Coubertin, réveille-toi, ils sont devenus fous.

Je résume sans noircir le tableau. Imaginez d'abord les Champs-Elysées un lundi de printemps récalcitrant, en début d'après-midi, par temps gris et frisquet. La "plus belle avenue du monde" (comme ils disent à la télé) est franchement lugubre.

Sur les trottoirs, derrière des barrières métalliques, quelques badauds emmitouflés vocifèrent. On entend des slogans épars : "droits de l'homme !", "Tibet !". Un quidam brandit son index : c'est un "doigt d'honneur".

Dans les heures qui ont précédé, je sais que la flamme, dès le premier instant, a fait un gros flop à Paris. Elle s'est éteinte à plusieurs reprises dans une confusion totale. Depuis le point de départ à la Tour Eiffel, il y a eu des bagarres et des arrestations. Tout ce truc sent le fiasco.

Surgit alors, devant mes yeux ébahis, la caravane olympique, précédée d'une escouade de motocyclistes policiers. En cherchant bien, entre les camionnettes de la gendarmerie mobile, on aperçoit aussi un grand escogriffe en survêtement (probablement célèbre à plus d'un titre) brandissant une sorte de grand cornet de glace argenté au bout duquel vacille une flamme. C'est donc ça, la flamme ? Oui, c'est ça !

Des sifflets réprobateurs s'élèvent, des huées se font entendre. Ils sont contre, c'est certain. Contre quoi, c'est moins clair. Pendant ce temps-là, l'Ambassade de Chine ne se laisse pas abattre. Elle a dépêché sur les lieux quelques dizaines de figurants obéissants. Ils sont chinois, ça paraît évident et ils agitent des petits drapeaux rouges de la République Populaire.

C'est juste au moment où passe, derrière la flamme et les flics, un autocar (de la Mairie de Paris) qui transporte une cinquantaine de Chinois, probablement très officiels. L'un d'eux a l'œil rivé sur un caméscope. Il prend des images de "la plus belle avenue du monde". Normal.

Arrive enfin le plus pathétique : les sponsors. Ce sont des marques mondiales qui ont raqué un maximum pour financer cette mauvaise farce. Il y a par exemple "SAMSUNG". Leurs représentants, déguisés en je ne sais quoi, suivent le cortège dans un triste attelage. Ils sont, eux aussi, copieusement sifflés par les badauds environnants.

En résumé : j'ai vu la flamme mais ça fait froid dans le dos.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est un bon plan les JO en Chine. Timing parfait. Cela permet de se poser des questions avant qu'il ne soit trop tard. Pour l'instant, cela a surtout l'air d'une "grosse farce" où chacun commence à prendre position, pour ne pas se retrouver ensuite Gros-Jean comme devant.

Le gouvernement chinois, qui a voulu trop en faire, trop tôt, sur le thème plus-blanc-que-blanc, doit commencer à s'en mordre un peu les doigts maintenant.

Anonyme a dit…

Même contre une flamme olympique ce monde hurle et proteste. Mais qui le dit manipulé et impuissant ? Ce monde qui grogne !
J'adore