"Ce qui barre la route fait faire du chemin" (Jean de La Bruyère - 'Les Caractères')

samedi 7 février 2009

Plus ça va mal, plus ça empire.

Le Sarko Show de jeudi soir. C’est un exercice ambigu et extravagant que de vouloir expliquer la gravité de la crise et rassurer le bon peuple sous les dorures d’un palais, devant un petit groupe de figurants dociles (pour la plupart issus du personnel de l’Elysée) en se faisant interroger par des journalistes qui sont forcément en porte-à-faux. Les interviewers se déplacent sur le terrain de celui qui les invite. Sarkozy joue à domicile. Les footballeurs savent que c’est toujours un avantage.

Pourquoi le président ne viendrait-il pas dans un studio de télé, neutre et sans décor ostentatoire ? Il aurait face à lui trois caméras le serrant en gros plan et deux bons questionneurs (ou questionneuses) qui connaîtraient le fond des dossiers et pourraient le pousser dans ses retranchements à la moindre tentative d’esquive. On progresserait peut-être.

Cela nous épargnerait le spectacle embarrassant de jeudi soir, incarné par cette présentatrice blonde qui, après avoir ânonné quelques platitudes, s’est cantonnée ensuite au rôle de potiche souriante. Exercice inutile aussi : le contenu du message présidentiel (suppression de la taxe professionnelle, ‘hedge-funds’, ‘bad banks’), étalé sur plus d’une heure et demie, était vraiment trop technique et fastidieux pour le large public auquel il voulait s’adresser.

Conflits d’intérêts. Dans un livre douteux, Pierre Péan (un expert du genre) attaque certaines pratiques de Bernard Kouchner. L’affaire « fait du bruit dans Landerneau », comme on dit. On le connaît bien, ce bon docteur qui s’avance depuis quarante ans, sac de riz sur l’épaule, vêtu de probité candide et de lin blanc. A la longue, on remarque peut-être quelques tâches sur le lin. Péan lave plus blanc. Plus blanc que blanc, comme disait Coluche !

Il y aurait tant à récurer. Personne ne s’intéresse plus par exemple à Jacques Chirac et à son appartement du Quai Voltaire : 396 mètres carrés, face à la Seine, dans le VIIème arrondissement de la capitale (deux entrées, un office, un séjour, un salon, une salle à manger, cinq chambres, deux cuisines, trois salles de bains, une salle d’eau, un rangement, trois débarras, trois WC, des dégagements, un balcon, et en prime, un entresol de 31,6 mètres carrés avec cuisine, séjour et alcôve). Loyer : gratuit pour les Chirac, grâce à des amis étrangers très généreux.

Quand il a quitté le pouvoir, Chirac avait fait savoir qu’il occuperait ce logement « à titre très provisoire, le temps de trouver un domicile définitif ». Quelques semaines avant l’installation de Nicolas Sarkozy, l’Elysée avait affirmé sans rire que le couple Chirac « n’avait pas eu le temps de trouver leur logement ». Leur fin de règne était pourtant annoncée depuis longtemps. Et Bernadette Chirac, à part ses bonnes oeuvres, avait un emploi du temps encore moins chargé que celui de son président de mari.

« L’Express » nous apprend cette semaine que Bernadette Chirac avait inspecté elle-même avec satisfaction l’appartement du Quai Voltaire quelques années avant d’y emménager avec son époux et leur chien Sumo. La demeure était vide, inoccupée par la famille libanaise Hariri à qui elle appartient. L’appartement, rénové à grands frais en 2001, était destiné à l’un des fils de cette famille, Ayman, qui ne l’a jamais habité. Un endroit idéal et à très bon prix pour le retraité Chirac qui, notons-le au passage, a été hébergé gratis dans des logements de fonction depuis 1974 (comme secrétaire d’Etat, ministre, premier ministre, maire de Paris, président de la République).

Le conflit d’intérêt réside dans le fait que le président de la République Française (encore en exercice) savait qu’il pourrait profiter des largesses d’une puissante famille libanaise. Le patriarche Rafic Hariri, assassiné en 2005, était l’ami intime de Jacques Chirac. Il n’est pas interdit pour un président d’avoir des amis. Mais en tirer des avantages en nature, c’est très gênant, surtout lorsqu’il s’agit d’une famille qui a une forte influence politique, économique et financière au Proche-Orient. La politique de Jacques Chirac dans cette région du monde a été fortement influencée par le prisme libanais, sauce Hariri. Cela vaut bien 396 mètres carrés face à la Seine, pour une période « provisoire » qui s’éternise.

Plus ça va mal, plus ça empire. Les Etats-Unis ont perdu 600.000 emplois pendant le seul mois de janvier 2009 et 1,8 millions en trois mois. Les groupes Murdoch, Time Warner et Disney mordent la poussière. Le numéro un mondial de l’automobile, le japonais Toyota, est dans le rouge pour la première fois. Le déficit du commerce extérieur de la France pour l’année 2008 dépasse les 55 milliards d’euros, 15 milliards de plus que l’année précédente. Toutes ses mauvaises nouvelles étaient dans les journaux aujourd’hui. Attendons celles de demain.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Et oui, ici, ca empire "grave" comme on dit. Pas de grands effets d'annonce, a San Francisco, tout se fait en douceur, 10 a 20 par semaine, dans toutes les societes. Le "Retail", ici Levi Strauss et Gap, font soit des economies d'energies, soit ont un nombre de bureaux vides, assez effrayant. Le pire, ce sont les salles de gym, des 10H du mat, salles, l'embarcadero et autres lieux de sports sont pleins de jeunes - 25 40 - qui tout a coup se retrouvent sans rien faire. La preuve, le reseau cable ne tient pas dans notre residence, vu le nombre de geeks travaillant a leur compte. Mais, tout le monde essaie, on prend un contrat de 3 jours, de 10 jours, sans rapport avec son niveau, mais juste pour rapporter de l'argent puisque le chomage, c'est au max $400 par semaine, pendant 3 mois, et il faut pour ca avoir gagner plus de 100k pendant 2 ans.l'esprit d'initiative continue d'ailleurs, avec des propositions pour voler des gens qui ont deja tout perdu. Mais bon, tout le monde pense deja a repartir. Le seul avantage, plus besoin de reservation dans certains restaurants, mais bon, nous n'en profiterons pas non plus parce que chaque dollar compte. La derniere nouvelle, si nous avons un trop percu de la part de l'etat de Californie, nous ne serons pas rembourses, nous aurons un bon du tresor, pour le jour ou la Californie sortira de la faillite. Difficile pour ameliorer les pates :-)
Bizarre, on n'a jamais vu les gens plus solidaires, se parler, enfin les ecouteurs d'IPod tombent (enfin 1) et on essaie de s'entraider. Dans une semaine maintenant, je vais voir Paris, j'avoue que j'ai peur, peur de ce que je vais voir, peur des peurs des autres. L'avenir, ce mot semble banni non seulement du vocabulaire, mais de l'esprit de nombreux francais. J'espere me tromper, et retrouver une France accueillante et non frileuse.
RV dans une semaine, tout en ayant une pensee pour les ultramarins, qui vivent des moments encore plus difficiles, oublies par l'etat.