"Ce qui barre la route fait faire du chemin" (Jean de La Bruyère - 'Les Caractères')

dimanche 15 août 2010

Un taxi pour Pondichéry....


Arrivée gare Montparnasse le 15 août, vers 21 heures. Longue attente pour un taxi. Un chauffeur très aimable, très souriant m’embarque enfin avec ma valise.

Il pleut des cordes. Il me dit : «on dirait la mousson». Je lui demande d’où il vient. Il me répond : «je suis Indien, de Pondichéry». C’est sûr que pour la mousson, c’est un spécialiste !

Je lui avoue que je suis surpris qu’un Indien de Pondichéry soit au volant d’un taxi parisien. Il m’indique que c’est effectivement très rare : «nous ne sommes que trois.»

Je le cuisine un peu. Il est arrivé en France il y a deux ans. Il a un peu travaillé dans le bâtiment. Il fait taxi depuis deux mois seulement. Son français est absolument magnifique, sans l’ombre d’un accent, avec un vocabulaire très riche et une syntaxe comme on n’en entend pratiquement plus dans la vie quotidienne. Il m’explique qu’il a étudié au lycée français de Pondichéry.

Il me confie que les Français, et spécialement les Parisiens, lui paraissent tristes et découragés. Je le lui confirme.

Il est électricien de formation et compte rentrer en Inde dans quelques années pour développer une affaire de panneaux solaires.

Il a épousé en France une Cambodgienne qui a mis au monde un petit garçon âgé maintenant de 14 mois. L’épouse est métis Khmère et Chinoise et parle à la fois mandarin et cambodgien.

Le père m’explique : « mon fils va parler français, anglais, chinois, cambodgien et tamoul (la langue du sud de l’Inde). »

Le destin des hommes... Le destin de ce petit garçon...

1 commentaire:

Boutros a dit…

Merci Jérôme. Mon grand-père avait fait des études de médecine à Montpellier et il s'était lié d'amitié avec un syrien. La guerre en a décidé autrement. Ils ne se sont jamais revus mais ont toujours gardé contact à travers diverses lettres échangées. Je n'ai jamais connu mon grand-père. Néanmoins, il y a quelques années, j'ai rencontré cet homme, chez lui, à Lattaquié. Jamais, je n'avais été accueilli si chaleureusement. Il menait une vie austère, l'argent lui manquait mais il avait le coeur sur la main. Sa femme avait préparé pendant plusieurs jours le déjeuner auquel on était convié. J'ai pu discuter avec cet homme et celui-ci s'exprimait dans un français parfait. Il m'a parlé de ce qu'il avait vécu dans cette France d'avant 1939.
Je n'étais pas né à cette époque mais je crois qu'en soixante-dix ans, une partie de notre beau pays s'est brisée. Les années qui s'ouvrent sont un formidable défi pour tenter, avec modestie, de mettre fin à la gabegie à laquelle nous assistons actuellement. Ensemble.