"Ce qui barre la route fait faire du chemin" (Jean de La Bruyère - 'Les Caractères')

lundi 30 mai 2011

"La Conquête" est un film involontairement sarkozyste

Après beaucoup d'atermoiements, j’ai finalement vu «La Conquête», le film de Xavier Durringer retraçant le cheminement de Nicolas Sarkozy vers l’Elysée.

D’abord, soulignons le travail remarquable de Denis Podalydès, l’acteur qui incarne Sarkozy. Il réussit à camper le personnage de manière crédible et attachante. Podalydès ne sombre pas dans l’imitation ou la caricature. Il s’est approprié Sarkozy dans sa fougue, sa hargne de gagner et ses fragilités. C’est le meilleur du film.



Florence Pernel joue Cécilia. Elle en fait une femme probablement plus intéressante, plus combative et plus complexe que le modèle original.





Pour le reste, les personnages secondaires (Chirac, Villepin et les autres) apparaissent comme des numéros de cabaret. Ils ont la dimension de silhouettes brossées grossièrement par des chansonniers. C’est médiocre. C’est guignol.

La grande faiblesse du film, ce sont les dialogues : un collage de citations connues qui semblent à la fois grandiloquentes et artificielles, même si elles sont extraites de la réalité. Personne, dans la vie réelle, ne parle en permanence en proférant des «petites phrases» ciselées.

Le pire, c’est la réalisation d’une pauvreté infinie, propre au cinéma français commercial. Par exemple, la soirée de la victoire au Fouquet’s, pourtant essentielle et riche en intensité dramatique, est filmée d’une façon très «cheap» avec des figurants sans épaisseur et un décor de pacotille.

Je n’ai ressenti aucun souffle, aucune progression dramatique, aucune vision d’ensemble. Xavier Durringer nous offre un téléfilm poussif digne de France 3 un jour de pluie.

C’est moche et mécanique, sans aucune réflexion sur le pouvoir. Le tout tombe à plat, même si on s’amuse en observant la recréation d’épisodes cocasses et célèbres (comme la baignade de Villepin à La Baule).

Le film est une collection d’anecdotes qui ne sont jamais mises en perspective. On reste dans le superficiel et l’anodin.

Nicolas Sarkozy aurait tort de s’inquiéter de la portée de ce film. Ce film n’a pas de portée. Sarkozy en ressort intact et presque grandi. Il en devient sympathique : il souffre du désamour de Cécilia. Il est entouré de conseillers falots. Il triomphe dans l’adversité, celle de son histoire intime et sentimentale. Sur la politique, il est évidemment le plus fort.

Bizarrement et sans doute contre la volonté de ses auteurs maladroits, «La Conquête» est un film sarkozyste. Je suggère à Nicolas Sarkozy de le faire projeter avant chacun de ses meetings de la prochaine campagne. 

Grâce à un tel clip électoral, il gagnera encore. 

dimanche 29 mai 2011

Le CSA censure Facebook et Twitter !




Le CSA, le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel, organisme régulateur croupion à qui Nicolas Sarkozy a enlevé le droit de nommer les patrons des chaines publiques, frappe de ses petits poings sur sa table en contre-plaqué pour interdire aux télévisions de citer le nom des réseaux sociaux à l’antenne. Plus question de parler de «Twitter» ou de «Facebook» sur les chaines françaises ! Ce serait de la pub clandestine.
Voici le communiqué du CSA :
«Le Conseil a été saisi par une chaîne de télévision de la conformité à la réglementation en matière de publicité des renvois aux pages consacrées à ses émissions sur des sites de réseaux sociaux. Il considère que le renvoi des téléspectateurs ou des auditeurs à la page de l’émission sur les réseaux sociaux sans les citer présente un caractère informatif, alors que le renvoi vers ces pages en nommant les réseaux sociaux concernés revêt un caractère publicitaire qui contrevient aux dispositions de l’article 9 du décret du 27 mars 1992 prohibant la publicité clandestine.»
Décision d’une grande modernité, fondée sur un décret datant de presque 20 ans, prise juste après le eG8 qui a rassemblé à Paris le gratin mondial de l’Internet. Le président Sarkozy a même reçu à l’Elysée en tête-à-tête le jeune patron de «Facebook» Mark Zuckerberg. Ce dernier a même offert à cette occasion au chef de l’Etat un tee-shirt orné du logo de sa célèbre entreprise. Encore de la publicité clandestine ?







Les chaines de télé française qui ont presque toutes des pages officielles sur «Facebook» devront-elles les fermer ? Ou ne plus jamais en parler ? Ou bien dire, de manière hypocrite : «Rendez-vous sur notre page officielle du réseau social dont le nom commence par la lettre F» ?
A la prochaine révolution arabe (ou autre), il sera donc interdit aux journalistes de dire que les manifestants ou les opposants communiquent sur «Twitter» ou «Facebook» ?
Les mots «Microsoft»«Apple» «Google» seront-ils aussi bannis des antennes publiques par ce Conseil de rétrogrades ?
J’espère que cette décision grotesque et moyenâgeuse sera quotidiennement bafouée par les chaines de télé et que le CSA sera confronté à sa pathétique ringardise.

samedi 28 mai 2011

Georges Tron : un coup de pied au cul

Il va nous manquer Georges Tron. Vous ne le connaissiez peut-être pas auparavant. Il était le secrétaire d’Etat à la Fonction Publique.

Regardez comme il prend bien la pose devant le photographe. Tron ne pose pas "en pied" sur ce cliché. C'est un "plan américain", comme on dit au cinéma. Demandez à DSK : le "plan américain", c'est sa spécialité.

Il a récemment acquis la célébrité en étant accusé de violences sexuelles par deux anciennes employées de sa mairie de Draveil dans l’Essonne. Tron se défend en disant qu’il pratiquait simplement des exercices de réflexologie en massant les pieds de ses deux collaboratrices. Bon pied, bon oeil, le sieur Tron.



C’est ainsi que Tron prend son pied.

Tron est scié par les accusations de viol.

Il a quitté le gouvernement pour ne pas embarrasser l’équipe Sarkozy qui savoure discrètement les retombées de la saga DSK.

Sa démission a été acceptée, au pied levé. Il est parti, le pied léger, en empruntant le passage piétron.

ANYHOW rend hommage à Georges Tron, prestement mis à pied, et lui envoie ce cadeau de départ, au pied de sa lettre de démission.

Il s'agit d'un joli moulage qu'il pourra poser sur son bureau.


Voici en outre quelques images qui intéresseront sans doute ce spécialiste de la voûte plantaire. 

Aux dernières nouvelles, Georges Tron passera l'été à Saint-Jean-Pied-de-Port. 

vendredi 27 mai 2011

Obama stoppe la main de DSK

Quelques petites gâteries (si j’ose dire) à ajouter au dossier DSK.

D’abord cette photo prise en 2009 au sommet du G20 à Pittsburgh aux Etats-Unis.

On y voit Dominique Strauss-Khan, Barack Obama et son épouse Michelle.
 
Regardez bien comme le président américain semble retenir la main de DSK qui se dirige irrésistiblement vers Madame Obama :
Et puis cette vidéo d’une confrontation en 2005 entre DSK et le ministre Hervé Gaymard qui avait du démissionner à cause du prix exorbitant du loyer de son logement de fonction (14.000 €). «10 fois le SMIC !», s’était écrié DSK, très choqué (en réalité, presque 15 fois à l’époque).


La maison louée actuellement par Anne Sinclair pour DSK à Tribeca coûte chaque mois l’équivalent de 35 SMIC. Il est vrai que ce n’est pas de l’argent public. Mais tout de même...
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Les articles récents d’ANYHOW consacrés à DSK (cliquer sur chaque titre pour lire l’article).

jeudi 26 mai 2011

DSK en son humble demeure de proscrit


La presse fait déjà du camping en face du 153 Franklin Street dans le quartier de Tribeca à Manhattan où DSK a pris ses nouveaux quartiers. C'est une belle maison de 628 m2 dont le loyer mensuel est fixé à 50.000 $ par mois (35.000 €), loyer payé par Anne Sinclair. Quand on aime, on ne compte pas. 

Prix de vente : 15 millions de dollars (10,5 millions d'euros), cinq fois plus que la maison d'Anne à Washington, dans le quartier de Georgetown, cette maison qui sert de caution à DSK pour la justice américaine. 

La maison de Tribeca à New York est plus spacieuse et moins spartiate que le cul-de-basse-fosse de Riker's Island : quatre chambres et quatre salles de bain.  

En prime au 153 Franklin street : une salle de fitness équipée et une salle de cinéma. 

L'ancien patron du FMI y est arrivé hier soir :
L'immeuble de deux étages se situe à un 'block' au sud de la rue où John Kennedy Junior possédait un loft.  

Le quartier de Tribeca est ainsi appelé comme diminutif de "Triangle Below Canal" : le triangle en dessous de Canal Street. 


C'est un endroit chic et branché où beaucoup d'anciens entrepôts et ateliers (proches de l'ancien port sur l'Hudson River) ont été convertis en demeures luxueuses. C'est le quartier de Robert de Niro : il y possède un restaurant et ses bureaux et il y organise chaque année un festival de cinéma réputé. 
La rue pavée, assez large, se trouve à proximité du tribunal où DSK pourra se rendre en quelques minutes. Au coin de la rue : un kiosque à journaux où l'ex-futur-président de la République pourra envoyer quelqu'un acheter la presse narrant ses mésaventures. 

Beaucoup d'excellents restaurants sont à proximité. Mais DSK devra se contenter de se faire livrer à domicile leurs spécialités. 

Ce qui n'a pas tardé. Hier soir, la famille Strauss-Kahn n'avait pas eu le temps de faire des courses. Selon le "New York Post", les nouveaux arrivants ont donc commandé un dîner à un restaurant huppé du quartier, le "Landmarc", qui a fait une livraison. Au menu : steaks et salades. Facture : 242,79 $ (171,86 €). Camille, fille de DSK, a laissé au livreur un pourboire de 25 $ (17,69 €). Ça fait 10% de pourboire. Ça parait généreux mais dans un restaurant à New York quand on dîne sur place, la norme est de laisser 15% de pourboire. 

Admirez pour commencer la belle façade du 153 Franklin Street. Un immeuble ancien (construit en 1912, une antiquité pour New York) entièrement réaménagé récemment par un architecte italien de bon goût. Il a réussi à faire entrer la lumière dans un édifice assez sombre, avec très peu de fenêtres, ce qui est souvent le cas dans les immeubles anciens du sud de Manhattan. 
Le rez-de-chaussée est caractéristique du quartier et correspond à d'anciennes écuries.

Voici le plan des quatre niveaux :
Dans le cas de cette maison, le "First Floor" est en réalité un sous-sol aveugle où se trouve la salle de cinéma, la salle de fitness, un cabinet de toilette, un bar, un spa, une buanderie et un local technique. 

L'entrée par la rue se fait au "Second Floor" (en réalité le rez-de-chaussée) dans un vestibule. A gauche, une chambre avec salle de bain, prévue pour un ou une domestique. Cette chambre doit héberger le garde armé qui surveille DSK (200.000 $ par mois pour le garde - tout augmente !). 

Au fond, le grand living-room (sans fenêtre) est éclairé par une grande verrière construite sur la terrasse à l'étage supérieur. Cette pièce est pourvue d'une cheminée. La cuisine adjacente est masquée par des panneaux de bois coulissants.

Au "Third Floor" (en fait, le premier étage), on trouve la terrasse (orientée au sud mais assez encaissée par rapport aux immeubles alentour) et deux chambres avec salle de bain.

Enfin, au "Fourth Floor" (deuxième par rapport à la rue) : la "master bedroom" (la plus grande chambre, donnant sur la rue) contigüe à une salle de bain exceptionnelle (avec fenêtre). C'est l'étage le plus noble qui comprend de vastes rangements.


Commençons donc la visite en images. 

Voici d'abord trois photos du vaste living-room, très haut de plafond, avec cheminée, éclairé par la verrière :
Contemplez les fauteuils confortables de la salle de cinéma du sous-sol (équipement dernier cri) où DSK pourra visionner les films que ANYHOW lui a suggérés :
La salle de fitness au sous-sol où le prisonnier pourra entretenir et (qui sait ?) améliorer sa forme physique :

La cuisine où DSK et son épouse pourront parfaire la cuisson des steaks dont ils sont friands, comme nous l'avait montré le documentaire de Canal + :
La terrasse (au milieu, la verrière qui éclaire le living-room). La terrasse est dotée d'un barbecue au gaz (le seul autorisé à New York - pas visible sur la photo) :
D'autres vues de la maison :


Pas mal, non ?
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Le quotidien populaire "New York Post" résume à sa façon ce déménagement avec ce titre à la 'une' : "CHEZ PERV". Autrement dit :"CHEZ LE PERVERS". En cas de procès, le jury populaire appréciera. 

mercredi 25 mai 2011

Radars et démagogie

La communication gouvernementale sur la sécurité routière est vaseuse. J’avais salué ici le courage politique de l’équipe Sarkozy qui avait osé défier le lobby bagnole en annonçant le retrait des panneaux signalant à l’avance la présence des radars au bord des routes. Mesure de bon sens.

C’était sans compter sur la fronde populiste, pour ne pas dire populacière, d’une cohorte de députés UMP, inquiets pour leur réélection l’année prochaine.


Le gouvernement a vasouillé. Claude Guéant, en choc frontal avec François Fillon sur ce dossier électoralement sensible, a annoncé dans la panique la suspension du démantèlement des panneaux avertisseurs de radars pour, dit-il, «engager une concertation à l’échelon local». En français courant, cela voulait dire : « noyer le poisson».

Finalement, le président de la République a arbitré dans le sens de la fermeté : les panneaux avertisseurs seront bien arrachés. Une nouvelle fois, je félicite Nicolas Sarkozy. Quand exactement les panneaux avertisseurs seront-ils démantelés ? Cela reste flou malheureusement.

Le ministre de l’Intérieur a inventé au passage un nouveau concept : le radar pédagogique. Appelons ça plutôt le radar démagogique.

La pédagogie de la route s’acquiert dans les auto-écoles. Elle est sanctionnée par l’obtention du permis de conduire. Les automobilistes, en prenant le volant, sont censés appliquer le code de la route, tel qu’il leur a été «pédagogiquement» inculqué au préalable. Pas besoin de rappels lumineux et clignotants. Il suffit de lire les panneaux de limitation de vitesse qui sont parfaitement clairs. Il suffit de s’y conformer. La leçon est simple. Toute «pédagogie» supplémentaire est superflue.

Chaque conducteur s’estime néanmoins piégé, floué et détroussé. «Nous sommes des vaches à lait !», proclament en cœur les automobilistes.

Alors parlons gros sous.

Les amendes des radars rapportent chaque année 500 millions d’euros, affectés pour une large part à l’entretien des routes et des engins flasheurs.

Mais la violence routière coûte tous les ans à la collectivité nationale la somme de 20 milliards d’euros : secours aux victimes, frais hospitaliers, prise en charge des handicapés du volant et réparations des dégâts provoqués par les chauffards aux infrastructures routières.

500 millions de recettes contre 20 milliards de dépenses. Un ratio de 1 sur 40. Il y a de la marge et beaucoup de raisons pour multiplier généreusement les radars. Plus ils seront nombreux et sournois, plus ils seront efficaces. 

mardi 24 mai 2011

Terrence Malick : la vertu du silence


La meilleure surprise du festival de Cannes, c’est l’absence du réalisateur Terrence Malick au moment de la remise de sa Palme d’Or pour «Tree of life». Malick était pourtant présent à Cannes. Mais il ne s’est pas montré en public une seule fois : pas d’interview, pas de conférence de presse et encore moins de déclaration de remerciement après l’obtention de sa récompense.

On sait que l’homme est incorrigiblement discret et timide. Il est surtout d’une grande cohérence intellectuelle. Sa position est hautement estimable : «Voyez mes films, je n’ai rien à ajouter.»

Cette attitude est saine et salutaire. Les déclarations des artistes en tous genres à propos de leur œuvre ou de leur performance sont presque toujours superflues et parfois contreproductives. Le dernier exemple en date, ce sont, toujours à Cannes, les propos imbéciles de Lars Von Trier qui, devant les journalistes, a exprimé une certaine sympathie pour Hitler. Il s’en est mordu les doigts.

D’une manière générale, sauf exceptions, je pense que les médias devraient s’abstenir d’interroger les écrivains, les cinéastes, les acteurs et les chanteurs. En disant cela, j’ai bien conscience que je prive les télés, les radios et les journaux d’une part importante de leur matière première.

Personne n’a jamais interviewé Marcel Proust. Son œuvre se suffit à elle-même. Au début de sa carrière de romancier, Michel Tournier n’accordait presque jamais d’entretiens à la presse. C’est dans cette période qu’il a écrit ses meilleurs livres. Même remarque pour JMG Le Clézio, invisible et mystérieux à ses débuts et dont la qualité littéraire a baissé dès lors qu’il a succombé au mirage des plateaux de télé.

Le plus pur exemple de l'écrivain mutique (et mythique), c'est JD Salinger. Pas un mot en dehors de ceux de ses livres. C'est autre chose que Guillaume Musso et Marc Lévy...


Il y a des exceptions. Par exemple dans les cinéastes, les entretiens avec François Truffaut sont intéressants. Pas tellement parce qu’il parlait de son travail mais surtout parce qu’il parlait très bien du cinéma. Et quand Truffaut fait parler Hitchcock, c'est passionnant. Il en va de même pour Chabrol qui parlait, lui aussi, très bien du cinéma, mieux sans doute qu’il n’en faisait lui-même.


Les interviews de chanteurs sont les pires. Sauf s’il s’agit de personnages à forte densité comme Ferré, Brel ou Brassens. Et ces trois-là détestaient les questions des journalistes. Un autre exemple récent, c’est Gérard Manset dont la parole est rare depuis 40 ans. Manset était l’invité de France-Inter ce matin. C’est un petit événement car, en général, il n’accorde jamais d’interview. Une fois tous les dix ans, il parle. Quand on s’exprime publiquement de manière si sporadique, on dit forcément des choses un peu plus essentielles que si on bavasse devant un micro toutes les semaines.

Que les cinéastes français s’inspirent de l’exemple de Terrence Malick : qu’ils fassent de très bons films et qu’ils se taisent. Après, on verra si on a vraiment envie de les entendre.

dimanche 22 mai 2011

Sélection de DVD pour DSK



Pour occuper les longues journées de liberté très surveillée de DSK, je me permets de lui soumettre une petite sélection de DVD qui lui remonteront le moral ou lui donneront des idées.