"Ce qui barre la route fait faire du chemin" (Jean de La Bruyère - 'Les Caractères')

mercredi 29 juin 2011

Le chauffeur de taxi, nuisance urbaine

Les chauffeurs de taxi. Tiens, je ne me les suis pas encore payés, ceux-là. Quelle engeance, quelle corporation médiocre et pénible. Ils sont en grève aujourd’hui, paraît-il. En grève pourquoi ? On ne sait pas très bien.

Dans les taxis en France, il y a deux catégories. Le taxi de province, subventionné par la Sécurité Sociale. Il transbahute les malades vers les hôpitaux. C’est le cœur de son activité. C’est moi, c’est vous qui payez.

Deuxième catégorie, le taxi parisien. La Gitane maïs, le chien qui pue vautré sur la place du passager avant, Radio-Nostalgie à plein tube. C’est ce que le touriste guatémaltèque ou singapourien jetlagué découvre en embarquant dans une Peugeot brinquebalante après avoir attendu longuement à Roissy. 

On attend beaucoup les taxis dans les aéroports de la capitale. Et pourtant, ils sont des milliers à faire la queue dans des parkings lointains. On les fait venir au compte-goutte. Le tout est géré par une bureaucratie opaque. Les taxis de Paris sont à Roissy ou à Orly, avec l’espoir d’engranger une grosse somme au compteur. Résultat : les taxis ne sont pas à Paris.

Paris est une ville qui souffre d’une pénurie criante de taxis. Pourquoi ? Parce que la profession refuse obstinément d’augmenter le nombre de licences. Une «plaque» de taxi vaut environ 200.000 €. Comme sous l’ancien régime, c’est un blason qui permet d’exercer la profession.

C’est un privilège nominatif. La «plaque» se revend. Si le nombre de licences est multiplié, la «plaque» va perdre de sa valeur. D’où le refus des taxis parisiens de voir augmenter le nombre de licences officielles. En 1920, il y avait 25.000 taxis à Paris. En 2011, il n’y en a que 16.000. Le gouvernement et la Préfecture de Police, par des réformes timides, ont augmenté de quelques milliers le nombre de taxis dans la capitale. Pour les chauffeurs, c’est encore trop.

Alors, ne vous étonnez pas si, perdu au bord d’une avenue ou d’un boulevard un samedi soir, vous ne trouvez aucun taxi. C’est encore plus difficile sous la pluie. Ne vous étonnez pas si les stations de taxi sont vides de voitures. Ne vous étonnez pas si un chauffeur refuse de vous embarquer quand la destination ne lui convient pas. Ne vous étonnez pas, si vous avez commandé votre taxi par téléphone, de le voir arriver avec 20 € au compteur.

C’est l’anarchie, la loi de la jungle, favorisée par la pénurie voulue par cette profession dangereusement corporatiste.

Au début de son quinquennat, Nicolas Sarkozy avait tenté une refonte de ce secteur. Il l’a aussitôt abandonnée. Les taxis ont bloqué pendant deux jours les rues de Paris. Ils font la loi sur le bitume. Et vous, vous attendez en vain qu’on daigne vous transporter. 

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