"Ce qui barre la route fait faire du chemin" (Jean de La Bruyère - 'Les Caractères')

dimanche 13 mai 2012

Parachutage : l'argument idiot


Vous la sentez aussi fort que moi, l'odeur rancie du terroir, quand les autochtones authentiques de souche brandissent l'insulte suprême : «parachutage». C'est l'argument massue qui doit, en principe, estourbir toute personne ayant des velléités de se présenter dans une circonscription législative sans produire au préalable un arbre généalogique luxuriant qui puisse attester de racines remontant au moins jusqu'à trois générations. «Parachutage», c'est l'obstacle que l'on oppose à tout individu souhaitant postuler au poste de député et qui n'aurait pas fait sa première communion dans l'église du village. 

Misérable esprit de clocher ! Il ne connait pas nos vaches par leur prénom, boutons d'ici l'intrus. Dernière menace des "imbéciles qui sont nés quelques part", comme le chantait Brassens. Illustration minable de ce pays casanier où celui ou celle qui vient du bourg d'à-côté est considéré comme un étranger. S'il est un peu basané, c'est encore pire.

La France : moins de 1% de la population mondiale sur 0,4% de la surface du globe. Et on raisonne encore à l'échelle des cantons...

Un député n'est pas un élu local. La Constitution le dit clairement. Un député, élu par la population d'une circonscription, est un élu de la Nation. Il ne représente pas sa circonscription. Il est, comme les autres députés, responsable des lois votées pour l'ensemble des Français. S'il venait à privilégier les intérêts de son territoire électoral, il commettrait une faute politique.

Comme l'a dit fort justement Jean-Luc Mélenchon en débarquant dans le Pas-de-Calais : «Quelqu'un du coin connaît bien... le coin». Mais rien d'autre au fond. Marine Le Pen n'est pas née à Hénin-Beaumont. François Hollande n'avait, au départ, aucune attache avec la Corrèze, pas davantage que Jacques Chirac. François Mitterrand était arrivé par hasard dans la Nièvre. Jean-Louis Borloo a réussi à Valenciennes sans y avoir usé ses fonds de culotte d'écolier. La députation ne trouve pas sa légitimité dans un extrait de naissance.

Le prochain qui me parle de «parachutage», je le pousse par la porte de l'avion, sans parachute...

lundi 7 mai 2012

François Hollande n'a pas pris la même Bastille

Hollande : le changement. Et maintenant ? 
La Bastille, 31 ans après, ça n'est plus ce que c'était. J'y étais le 10 mai 1981. J'y suis retourné hier soir. Deux époques, deux ambiances, deux contextes bien différents.

En 1981, au soir de la victoire de François Mitterrand, la foule était joyeuse, surprise, emportée par la nouveauté historique de l'alternance. Incrédules face à l'arrivée inédite de la gauche au sommet du pouvoir, les gens s'embrassaient. C'était fraternel et bon enfant.

 Hier soir, l'atmosphère était nettement moins positive. Les slogans étaient chargés de hargne : «Sarko, c'est fini !» ou encore : «On l'a viré !» Peu de cris de victoire, mais surtout des invectives contre le vaincu. En 2012, on a davantage célébré une défaite qu'on n'a salué un succès. Hollande n'a gagné que parce que Sarkozy a perdu. En 1981, on voulait «Changer la vie». En 2012, on voulait juste changer de président. 

En 1981, Mitterrand n'était pas venu à la Bastille. Finalement, le peuple, il préférait le voir de loin. Hollande est arrivé tardivement hier soir. La voix cassée par la fatigue, il a prononcé un discours bref et sans relief. Pas grave. La foule n'était pas venue l'entendre, elle voulait juste l'apercevoir. François Mitterrand avait préservé le mystère. Hollande s'est montré après minuit, de retour de Tulle. Mais cela n'était sans doute pas nécessaire.

Sur cette même place de la Bastille, quelques semaines plus tôt, Jean-Luc Mélenchon avait rassemblé une masse plus fervente. Un souffle était passé. Hier soir, en attendant Hollande, je n'ai pas perçu cette exaltation. Pas plus que je n'ai retrouvé le grand frisson du 10 mai 1981.

Il faut se méfier des frénésies collectives. On a vu ce qu'il est advenu du mitterrandisme au fil du temps. Hollande, «l'homme normal», n'a pas promis cette fois des lendemains qui chantent. Hier soir, Jack Lang, le voisin de DSK sur la place des Vosges toute proche, n'a pas osé répéter ce qu'il avait dit en 1981 : «Nous sommes passés de l'ombre à la lumière».

La lumière se fait rare en France. Chahuté par la mondialisation, encalminé par ses corporatismes, englué dans le chômage, le pays est en mauvaise posture. Il faudra du courage et beaucoup d'énergie à François Hollande pour éloigner des récifs notre radeau de la méduse. On lui souhaite bonne chance. De sa réussite dépend la nôtre. On n'attend pas de lui des miracles. On attend, sans illusion.


samedi 5 mai 2012

Images de la campagne 2012


Quelques images de la campagne présidentielle trouvées ici et ailleurs.

Nadine Morano colle.
Les choix de Marine en matière de vins
Meeting Hollande à Vincennes
Jeunes bretons au meeting Sarkozy à la Concorde
Meeting Sarkozy à la Concorde